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GIRLS JUST WANT TO HAVE FUN
23 novembre 2007

La rose des sables

17h30 22 novembre 2007 arrivée dans ce café de mon quartier. Etre reconnue. Un thé à la menthe. Assise, presque recroquevillée sur la banquette au fond. Attendre mon père. Attendre le PERE en regardant avec appréhension la montre géante couleur alu: l'horloge du café.

Le père arrive. Il avait dit "j'arrive". Tu as besoin de moi j'arrive, 30 minutes + tôt. Le père arrive. Mon père rentre. Mon père est reconnu mais ne semble reconnaître que moi, sa fille, amaigrie, assise au fond, fumant des clopes l'air effrayé. Mon père est là. 4 bises. Il me sert dans ses bras. Pour la première fois.

Il me dit raconte moi ma fille. Et je lui raconte. En pleurant. En me cachant pour pleurer. Ces 3 derniers mois de ma vie. Et mon père m'écoute. Il me prend ma main. Il me dit ne pleure pas. Je suis-là.

Je suis là pour toi. Il me dit ne pleure pas. Je suis là, là pour toi. Il me dit je t'aime ma fille, ne t'inquiète pas je suis là. Pour toi.

Je raconte et je pleure. Je lui raconte tout. Tout ce qui m'a fait être assise ici, devant lui dans ce bar.

Je lui raconte pourquoi je pleure. Qu'est-ce qui me fait pleurer.

Je lui dit aussi que mon plus beau cadeau d'anniversaire, ça a été son appel le 13 avril 2007.

Je m'en rappelle. Son appel d'Algérie avec ma famille autour.

Mon père est un homme simple. Simple et juste. Il me parle de ma mère, de ma famille maternelle.

Chaque mot de sa bouche est un amour-mot juste. Il me parle de moi. Il me dit que je ne suis pas folle. Que je suis triste, fatiguée, affamée, enervée, effrayée, abîmée mais que c'est normal après tout ce qui m'est arrivée. Il me dit: "mais tu l'as rencontré où celui-là?"
Qui est ce garçon? Qui veut faire du mal à sa fille. je lui raconte le garçon. Je pleure en lui racontant cette histoire d'A. Et mon père me rassure. Il me dit oui, un jour, un autre jour, un jour prochain, quelqu'un m'aimera. Il écoute le message que celui-là m'a laissé. Debout. Il tend l'oreille. Je suis en face de mon père.
Il me dit que c'est normal que son père à lui prenne sa défense. Et lui, mon père, connaissant le pourquoi de ce message-là m'explique que je vais bien. Que moi aussi j'ai des parents et s'il le faut, lui, le père: il sera là. Pour me protéger de ce garçon-là. S'il le faut. S'il touche à un cheveux de sa fille. IL sera là avant que ce cheveux-là ne tombe.

Mon père est drôle. Il me parle d'une voiture. Sa voiture preférée. La nouvelle. Et je lui dis qu'il me faudrait la même option que cette voiture-là: si quelqu'un m'approche: l'alarme.

Nous rions ensemble: je suis une merco-benz.

Mon père
Ce héros
Mon père

Papa et moi. Sous la pluie de novembre lui et moi. Papa je t'aime. Papa tu es beau. Merci pour ce bras sous lequel j'ai serré mon bras. Merci.

Le restaurant est là. Partout où mon père arrive: mon père est une star. On se lève, on le salue et on salue sa fille.

Mon père est un roi et je suis une princesse. Des sables mouvants.

Je mange devant mon père, il boit du thé. Ma mère appelle. Les parents se parlent de leur fille. La mère demande. Le père répond. Oui. Je m'en occupe: de ça ça et ça. Les parent se parlent. Les parents séparés s'occupent, chacun à leur manière, de résoudre les problèmes que leur fille de 30 ans n'arrive pas à résoudre seule.

Je suis de là-bas et d'ici. De ce pays qui m'attend et que j'irai voir un jour, si j y suis.

Je suis d'ici. Mais j'aurais un jour ce passeport-là. Qui est le mien aussi. Que j'ai toujours voulu. Depuis 2, 3 années. Ce passeport ALGERIEN.

Première rencontre. Premier échange réel. Premier sentiment réel d'avoir un PERE. ENFIN.

Ce père-là: oui.
Aujourd'hui mon père n'est plus une douleur.
Enfin. Soleil. Rose des sables. L'homme que je cherchais partout. Le soutien que l'on cherche quand notre monde semble éclater de partout. Tout autour de nous.
La seule barricade. Le seul soutien. Non.

Moi comme seul soutien. Mais moi + LUI +ELLE+ tous les autres coeurs autour que j'ai pour rester debout jusqu'à aujourd'hui. Vendredi 23 novembre 2OO7.

Je n'ai plus internet.
Je n'ai plus de téléphone fixe: merci C.

Je sais que je vais bien. Je sais que je ne suis pas malade. Je sais que je ne suis pas folle. Depuis le 21 novembre 2007: je vais bien, bien mieux.

Que ça y est c'est terminé.

Cette maladie-là
Pour certain je resterai la folle.

La malade.

Je sais que je passerai toujours, à un moment, pour une folle.
Oui je suis folle
La folie
Celle que vous ne connaissez pas.
La belle, la grande folie je l'ai.
Celle de croire en moi.
Celle d'avoir pour chacun de mes actes et de mes choix:

Le recul nécessaire pour savoir
Pour reconnaître si j'ai fait le bon choix.
La grande folie: je l'ai.

Clélia est une folle.

Folle furieuse, hier et avant hier.

Clélia est une folle: heureuse heureuse heureuse depuis longtemps déjà.

Clélia est une folle avec un gros cerveau.

Un cerveau capable d'analyse et de recul.

De compréhension.
Une folle avec un grand coeur.

Capable d'aimer, de souffrir et peut-être de pardonner 1 jour.

On verra.
Si j'en ai envie.

Un coeur capable de dire merci.

À chacun qui a cru
A chacun qui a su
A chacun qui a vu
Que j'avais du talent
De la ressource et de l'énergie
De la beauté de la folie
De l'Art
L'Art de la vie
A chacun qui a voulu
A chacun qui a entendu
Mes larmes
Mes cris
Et qui m'a parlée, rassurée, entendue, aimée, comprise: je dis: MERCI

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Commentaires
T
Mon coeur de soeur<br /> Pour ce joli commentaire!
L
Je vois plus rien à l'écran, tient comme c'est original...<br /> <br /> Je ne peux pas vraiment trouver de mots pour dire ce que je ressens là, en lisant ces phrases, si ce n'est que je vis tout ça avec toi. Mon ptit coeur bat avec le tien, tu le sais.<br /> <br /> Et voilà, il est arrivé Papa, ça a mis du temps, mais il est là, et son coeur à lui aussi bat avec le tien, dans le tien. Pour toujours et malgré tout.<br /> <br /> Sourire.
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